L’une est voilée et cache son corps aux regards des hommes qu’elle croise chaque matin en prenant l’autobus. Les deux autres affichent une belle chevelure et des tenues plus occidentales mais circulent en voiture en évitant ainsi une promiscuité pénible.
En dépit de ces différences ces trois femmes égyptiennes se feront harceler sexuellement au cœur de la mégapole cairote. La première est traitée de folle par les hommes lorsqu’elle se décide à réagir et à piquer son harceleur à un endroit particulièrement douloureux. La seconde décidera de porter plainte contre l’avis de sa famille redoutant les « qu’en dira-t-on » fréquents dans cette culture. Quant à la troisième, elle va créer des cours de self défense à l’adresse des autres femmes.
De milieux sociaux différents, toutes les trois font face à un machisme ambiant et surtout à une société qui ne les protège pas.
‘Les femmes du bus 678’ du cinéaste égyptien Mohamed Diab a provoqué de houleux débats en Egypte, une société où tout sentiment doit rester caché, la honte retombe toujours sur la femme quoi qu’il arrive.
Ce film pose la question suivante : comment faire pour éviter que les hommes ne soient obsédés par le corps des femmes ? Car caché ou dévoilé, ce corps provoque les mêmes réactions abusives. Ce film soulève un vrai sujet mondial, n’apporte pas de réponse si ce n’est à travers le regard compassionnel du policier qui comprend la révolte de ces femmes. Pour comprendre, il faudrait interroger cet homme, ce passager silencieux, pauvre et au chômage, qui prend le bus pour faire quelque chose et frustré par son manque de femme, ne peut s’empêcher de se frotter à la première d’entre elles.
Cela me fait penser au récent livre de Nancy Huston dont je viens de faire la critique et qui décrit le désespoir inhérent au métier de prostituée, mais aussi la pulsion sexuelle inhérente à tous les hommes. Ici c’est le manque qui pousse ce malheureux à harceler le premier corps féminin rencontré. Alors faut-il des prostituées pour répondre à ce manque, et créer un métier reconnu ? Faut-il arrêter tous les hommes en manque de tendresse, faut-il une éducation masculine spéciale puisque les femmes se font aussi violer dans nos sociétés démocratiques ? Qui portera ce débat de société ? Surement pas ces hommes.
Notre ministre française des droits de la femme s’est attelée à ce sujet dès son arrivée au gouvernement et c’est très bien.
Ce film est dur, aucun sentiment ne le traverse si ce n’est la dureté de la vie des femmes en Egypte. Mais son mérite est de déchirer le voile sur un sujet complexe.
Allez le voir, ne serait-ce que pour soutenir le combat des femmes du bus 678.
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