top of page
  • Photo du rédacteurMuriel de Saint Sauveur

Le masque de protection peut-il entrer dans notre garde-robe ?


Voilà plusieurs semaines que je m’interroge sur l’image du masque. Il nous est recommandé et il est même obligatoire, dans certains cas et dans de nombreux pays, de porter un masque de protection. Afin de protéger les autres tout en se protégeant soi-même. Le Covid 19 est présent, toujours là, même si le soleil et nos rues désormais peuplées, auraient tendance à nous le faire oublier. Dès le début du confinement, l’une de mes amies pensait que j’allais créer un atelier, réunir des couturières et faire du masque un outil de mode. C’est que je suis une folle de mode, couturière à mes heures et que dans mes ateliers sur la communication que je propose, j’intègre systématiquement l’apparence comme un élément essentiel de notre image. Il était donc évident pour mes amies que celle qui devait leur créer des masques beaux et élégants, ce serait moi. Or voila que je fais une résistance à cette idée, résistance qui m’a semblé, au premier abord, incompréhensible. Certains créateurs s’y sont aventurés, les masques manquants, on a fait appel à toutes les bonnes volontés, couturières ou pas, les tailleurs en manque de clients se sont lancés dans la fabrication pour éviter leur dépôt de bilan, et moi, rien de rien. Je persiste et signe. M’interrogeant sur cette situation, je me suis demandée d’où venait ma résistance. Certes, contrairement aux masques chirurgicaux que l’on doit jeter après utilisation, le masque en tissu doit être lavé et repassé après chaque utilisation. Alors après nous avoir remis en cuisine, au ménage et aux courses durant la période de confinement, il nous fallait maintenant, nous les femmes, passer au lavage tous les soirs, suivis d’une séance de repassage. Déjà là je bloquais un peu. Mais je me disais que j’avais une réaction de riche, qui peut s’acheter des masques et les jeter. Ceux auxquels les mairies en ont envoyé avec largesse deux par personne, ou par famille, ne pouvaient se prêter à ce petit jeu dispendieux. Très bien. La seconde raison, c’est que si je dois faire un masque allant avec chaque tenue, j’en ai pour des mois vue la taille de mon dressing. Le joli masque coloré de de la styliste connue n’ira certainement pas avec mes robes d’été. Très bien. Mais aucune de ces deux réponses ne me semblaient satisfaisantes. Le véritable sujet, celui de la barrière psychologique, m’est enfin venue à l’esprit. Le masque de protection représente pour moi la déshumanisation de l’être humain tout comme le niqab cachant le visage, voire le voile cachant les cheveux. A la différence près que le masque est obligatoire pour les hommes comme pour les femmes alors que le foulard islamique ne concerne que les femmes. Il n’en demeure pas moins un outil qui nous enlève tout aspect humain ; notre sourire, notre bouche, notre émotion deviennent invisibles à l’autre. Notre maquillage ne sert plus à rien, et notre visage ne nous appartient plus, l’espace d’un instant. Voilà pourquoi je me refuse à faire du masque un outil de mode, il ne peut être que temporaire, médical, il est là pour nous soigner, durant quelques mois, il n’a pas le droit d’entrer dans notre garde-robe.

49 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

l'apparence en politique, un sujet pas si neutre

L’apparence en politique, une neutralité exigée « La campagne est aussi une affaire de style » titre le 5 Mars le quotidien Sud-Ouest en détaillant les costumes des candidats à la mairie de Bordeaux.

bottom of page