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  • Photo du rédacteurMuriel de Saint Sauveur

l'apparence en politique, un sujet pas si neutre

L’apparence en politique, une neutralité exigée

« La campagne est aussi une affaire de style » titre le 5 Mars le quotidien Sud-Ouest en détaillant les costumes des candidats à la mairie de Bordeaux. Il en ressort que le costume bleu marine à la faveur des 4 hommes en tête dans la ville, la cravate restant un élément plutôt du centre droit, la chemise col ouvert plutôt écologiste et le tee shirt anti capitaliste.

Si l’on en croit l’historien des couleurs Michel Pastoureau, le bleu est une couleur qui ne fait pas de vague, … bien sage… et qui ne veut pas se faire remarquer. Serait-ce donc une réponse au choix de ces messieurs, en retenant le bleu, que de ne pas se faire remarquer. Ou bien ont-ils écouté leurs conseillers en communication qui recommandent généralement cette couleur censée bien passer à l’écran. Peut-être est-ce une manière d’éviter de se distinguer physiquement afin que seules les idées soient retenues. Pourtant le tee shirt anti capitaliste ne sera jamais porté par le candidat du Mouvement en Marche et l’inverse est aussi vrai. Nul n’ignore que la première chose que l’on regarde c’est l’apparence, le look, les cheveux, les costumes, ou les robes, pour vérifier que l’ensemble est cohérent avec la personne, sa position, sa personnalité et son message. Nul n’ignore que le public attend que l’on ressemble à l’idée qu’ils se font de la personne. Le pouvoir, l’autorité, la créativité, n’ont pas les mêmes images dans la tête du public.

Cette idée que l’apparence joue un rôle primordial dans notre vie me passionne. Cela m’intéresse d’autant plus que se joue entre les hommes et les femmes un jeu inégal sur ce plan vestimentaire et dont pourtant les résultats sont égaux ou nuls. D’un côté les femmes ont une liberté de choix que les hommes n’ont pas, d’un autre côté elles tendent de plus en plus à s’en remettre au bon costume masculin, de préférence noir ou marine, soit pour éviter de se faire remarquer soit pour endosser le vêtement du pouvoir.

Regardons ce qu’il en est du côté parisien. Qu’en est-il de ce sujet vestimentaire qui est la première chose que l’on regarde et dont les femmes ont voulu s’affranchir. Pour la dernière émission de télévision, le débat organisé sur LCI on ne peut pas dire qu’elles se sont lâchées. Bleu marine pour les hommes, noir et blanc pour les femmes ou marine et blanc et tailleur pantalon de rigueur. De nouveau du neutre, discret. Alors que pour une fois ce sont trois femmes qui sont en tête à paris, une grande première.

Du côté de Nantes, ou sont en lice 6 femmes, vous avez bien lu, 6 femmes, il y a du rouge, du noir, du blanc, des rayures, des imprimés, bref des différences. La bataille entre femmes uniquement serait-elle moins violente qu’entre hommes et femmes ? Pas si sûre lorsque l’on regarde les échanges entre Anne Hidalgo et Rachida Dati.

Alors, l’apparence en politique est-il un chemin semé d’embuches, dont il faut se protéger en utilisant la neutralité. Nous savons que les femmes sont fréquemment stigmatisées par leur tenue, nous avons bien évidemment en tête la robe à fleurs de Cécile Duflot ou les remarques sexistes qu’a enduré Ségolène Royal « la présidentielle n’est pas un concours de beauté. ». Nous savons aussi qu’un jean dans un Hémicyle ou un jean dans la rue n’a pas la même signification. C’est le philosophe Jean-François Amadieu qui nous le rappelle, car l’apparence est le marqueur social le plus significatif nous dit-il.

On aimerait que les femmes puissent utiliser la palette de possibilité qui leur est proposée sans en avoir honte, ou être couvertes de quolibets ; on aimerait que les hommes se différentient un peu plus car leur image fait aussi partie de leur programme, et on aimerait entendre d’une femme habillée d’une robe à fleurs « Elle a les épaules du rôle » sans qu’elle ait besoin d’avoir à porter des épaulettes. L’apparence en politique, un chemin à explorer.

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