Pour se faire entendre de la police indienne, elles se sont rassemblées, se sont habillées de sari rose et armées de bâton, elles sont parties soutenir les plus pauvres et les intouchables.
C’est la véritable histoire de Sampat Pal que j’ai eu envie de vous raconter.
Je suis en Inde, à Dehli ou j’ai lancé mon livre « Un monde au féminin serait-il meilleur? » devant 50 femmes enthousiastes et de haut niveau. A la fin du débat, nous bavardons et l’une d’entre elle me raconte une histoire. Elle se promenait dans un village du Kerala, un Etat du Sud de l’inde lorsqu’elle eut envie de s’arrêter. Elle aperçoit des enfants jouer devant un puit. Elle leur parle, et partage un gâteau avec eux. Elle voit alors arriver une femme qui s’approche doucement d’elle, l’air un peu craintif. Elle attend et regarde la femme. Celle-ci hésite à lui parler puis finalement s’approche et lui dit: » Savez-vous que vous êtes dans un village d’intouchable! » puis elle attend la réaction de l’autre. Cette dernière en reste estomaquée et ne répond rien. Lorsqu’elle me raconte cette simple scène, elle m’explique que bien que le système de castes soit aboli par la loi, il existe encore dans les faits. Cette femme, une intouchable, voulait la prévenir qu’elle n’aurait jamais dû toucher les enfants. Conditionnée par son environnement elle se sent impure et va jusqu’à prévenir qu’il y a là des pestiférés. Et tout ceci se passe en Novembre 2011.
Ce simple fait m’a donné envie de connaitre un peu plus la réalité de ces gens, c’est ainsi que j’ai découvert la vie du gang des saris roses et le parcours emblématique de Sampat.
Mariée à 14 ans, ignorant tout de la vie, ayant suivi l’école deux ans grâce à un oncle généreux, elle découvre l’injustice et par le seul pouvoir de sa personnalité réussit à devenir une figure de la lutte contre la corruption. Pour soutenir les plus démunis, elle décide de s’organiser car plus on est nombreux plus on est fort, après avoir créé un cours de couture pour les pauvres des villages, elle fonde son association le Gulabi Gang.
Aujourd’hui il réunît plus de 3000 femmes toutes vêtues de saris roses identiques et armés de bâtons. Comment cette petite fille née dans la modeste caste des gadarias, les gardiens de troupeaux, est-elle devenue une telle combattante, faisant plier devant sa volonté les brahmanes corrompus et policiers véreux?
C’est son histoire qu’elle raconte dans : »Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose. » Lisez ce livre. Vous y découvrirez l’une des réalités de l’inde. Vous allez rire devant la manifestation organisée par ces femmes pour faire réagir des policiers. Elles s’étaient réunies pour faire masse, avaient affublés des chiens des noms de ces fameux policiers puis les avaient peints en rose. Elles voulaient l’ouverture d’un dossier bloqué et l’obtinrent. Vous serez scandalisé lorsque vous saurez que sa tête avait été mise à prix, son combat effrayant les fonctionnaires malhonnêtes. Mais vous serez aussi enthousiasmés de savoir que de telles femmes existent.
Dans ce pays où la Présidente, la Premier Ministre, les chefs des gouvernements de Dehli et de Bombay, la Maire de Dehli sont des femmes, situation assez rare pour la souligner, de tels agissements sont encore possibles.
Je suis une intouchable. J’ai même du mal à m’imaginer dire cela à quiconque.
Lisez « Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose » aux Editions Oh.
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