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  • Photo du rédacteurMuriel de Saint Sauveur

Je n'ose pas mettre une robe

Cette phrase ne provient pas d'une jeune fille habitant le Pakistan ou d'une jeune femme en butte aux regards déplacés de certains garçons, non cette phrase provient simplement d'une femme, la trentaine, travaillant dans un monde d'ingénieurs et que j'ai récemment rencontrée. Cette femme habite la France, travaille à Paris, est diplômée d'une bonne école, cette femme c'est peut-être vous ou votre amie. Et cette femme hésite, en 2010 à s'habiller selon son goût et son sexe c'est à dire à porter une robe. En robe à une longueur aux genoux, je ne parle pas ici de mini jupes ou de shorts je parle simplement de robe. En quoi suis-je choquée de cette phrase? En quoi me révolte t'elle ?

Elle me révolte car si elle provient certes d'un manque de confiance en soi, elle provient aussi du regard des autres, de l'image qu'ils vous renvoient et qui vous déstabilise. Mais surtout elle me révolte car cela signifie encore une fois que le monde n'aurait qu'un seul sexe , et qu'un seul genre. Ces regards sont-ils conscients ?

Avec un peu d'histoire,nous pourrions comprendre combien les femmes qui hésitent de s'habiller en robe ont tort et combien les hommes qui les poussent à faire cela ont oublié la vie de leurs ancêtres.

A l'antiquité, hommes et femmes s'habillent de larges robes, de vêtements dits ouverts, et les différences proviennent de législations obligeant de porter certains vêtements dans certaines circonstances. La loi fait force. Les mesures sont prises à l'identique en Grèce et dans la Rome Antique. Cette forme de vêtement va perdurer jusqu'au Moyen-Age, et c'est autour du XIVème siècle que les choses changeront avec des tenues coupées et cousues et que commenceront à apparaître les différences entre hommes et femmes, ancêtres des pantalons et des jupes. Les modes arrivent, les goûts évoluent mais ce ne sera qu'après la révolution française avec l'arrivée de la Bourgeoisie que le vêtement va se simplifier. Le travail va bousculer les habitudes de cette nouvelle classe sociale, c'est aussi le moment où s'habiller devient une chose grave, un acte moral chez certains philosophes, un acte politique chez d'autres, un acte identitaire chez les femmes qui prendront la liberté de porter un pantalon, un acte patriote lorsqu'il est interdit de porter des vêtements de fabrication anglaise sous certaines époques.

Alors est-ce qu'aujourd'hui porter une jupe ou une robe pourrait redevenir un acte identitaire, alors que nous avons encore en tête que nos grands-mères se sont battues pour porter des pantalons. Je crois que je vais avoir envie de me battre pour porter une robe au nom de cette femme et cela pour une raison très simple. Le pantalon est devenu synonyme de pouvoir concentré majoritairement dans les mains des hommes, et outil de liberté pour les femmes. Mais depuis que Christine Lagarde a pris les rennes de la BCE, que Alison Rose dirige la RBS, une grande banque de la City, que Ursula von der Leyen préside la Commission Européenne, que la Belgique est dirigée par Sophie Wilmes ou L'Ethiopie par Sahle-Work Zewde, depuis que ces femmes et d'autres sont au pouvoir, elles vont modifier la face du monde. Or il ne me semble pas qu'aucune de ces femmes n'ait pris le pouvoir grâce à un pantalon , elles l'ont pris par compétences et portent des robes si elles en ont envie. Le pouvoir n'a pas de vêtement, ni de sexe, le pouvoir est neutre, il s'apprend, se prend et se partage. Et si l'image d'une femme en robe perturbe certaines personnes, alors ce sont elles qui doivent changer, pas la femme.

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