« Le but suprême du féminisme est toujours la démocratisation de la société toute entière et bien entendu le retour de la femme dans la famille humaine ». Cette phrase est de la féministe russe Marina Tsvetaeva et date des années 70*. Elle m’a trotté dans la tête durant tout mon séjour en Russie tant je la trouve belle et toujours d’actualité.
Mardi, me voici dans la ville du Kremlin devant un groupe d’étudiants de la MGIMO, qui est en Russie ce que Sciences Po est en France. Filles et garçons étudient la politique et 1000 d’entre eux parlent le français. Je les emmène donc faire un tour du monde des femmes dans ma langue natale et me retrouve au bout de deux heures à discuter de l’égalité homme femme dans une ambiance très détendue et très ouverte.
Visiblement l’égalité ne fait pas débat pour eux, mais la relation entre les deux sexes oui. Chacun cherche sa place refusant l’agressivité des débuts du féminisme mais souhaitant un rapport de complicité encore peu évident.
En Russie, le thème de la place de la femme dans la société est en train d’émerger. Pour preuve le débat du lendemain auquel je participe. Il fait salle comble, voire plus vu le nombre de personnes debout. Il réunit des personnalités telles que Natalia Pouchakera, spécialiste russe de la question du genre, Michele Riot Sarcey, professeur en histoire contemporaine, notamment sur le féminisme et la question des genres et Irina Prokhorova, éditrice reconnue mais dont le patronyme a fait la une des journaux à travers les propositions politiques de son frère. Les débats vont bon train entre expertes, j’apporte de mon coté la vision de l’entreprise.
En Russie, Le communisme a enfermé la femme dans une fausse égalité, égalité certes dans le mariage, les droits, le divorce, et l’avortement par exemple, mais sans que la femme puisse revendiquer sa place de femme. Comme dit Irina, la femme était privée de sa nature féminine.
Puis, 1991 ouvre les portes du pays au capitalisme et la femme retrouve sa place à la maison. Elle est d’ailleurs assimilée à la famille, comme le montre le ministère de la femme et de la famille. La deuxième vague de féminisme russe est celle de la diversité, réaliser son potentiel donné par la nature. Seulement la Russie offre peu de soutien aux mères qui sans les grands-mères ne pourraient travailler. Les nounous restent coûteuses et encore trop de femmes rêvent de rencontrer le prince charmant, beau et riche, leur permettant de ne pas travailler. Alors que faire pour celles qui veulent les deux, travail et famille. C’était bien le sujet du débat, un débat encore nouveau en Russie mais qui, au vu des jeunes filles présentes, n’en est encore qu’à ses débuts.
D’ailleurs pour Michèle, la construction de l’identité au féminin n’est pas universelle. Elle dépend du moment, de la culture et de l’histoire. On voit bien d’ailleurs la différence entre France et Russie sur ce thème.
Si vous voulez connaître la femme russe, de manière anecdotique, mais sérieuse, lisez donc Les pintades à Moscou* de Madeleine Leroyer. Il vient de sortir, il est très drôle et vous décrit l’obsession de la femme russe pour l’élégance à 100%, la traque du poil, la folie de la mode et de la propreté, l’éducation des enfants … Bref tout ce qui fait la vie d’une femme russe moderne.
Excellent livre et en plus il vous donne les adresses de manucure à 22 heures le soir, ce qui pour une française est un rêve.
Mais oui, on a toute quelque chose à apprendre des autres.
*« Des femmes russes » par des femmes de Leningrad et d’autres villes. Edition des Femmes. 1980. « Les pintades à Moscou » de Madeleine Leroyer, Edition Calmann Levy.
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