A défaut d’être allée dans ce pays qui semble si beau pour y rencontrer mes consœurs, j’ai découvert les femmes afghanes à travers le magnifique livre d’Isabelle Delloye. Voyageuse, cinéaste, professeur, Isabelle Delloye a vécu et travaillé à Kaboul. Le principe de son livre est simple, il consiste à donner la parole aux femmes afin que celles-ci puissent raconter leur vie.
Cette façon de relater leurs dires, rend les propos de ces femmes encore plus forts, encore plus vrais. Isabelle Delloye décrit très bien les rites des mariages, ces mariages arrangés où les jeunes gens se voient en tout et pour tout une seule fois avant le grand jour! Comme Isabelle nous le dit : «La vie d’une femme afghane tourne autour d’un évènement majeur : le mariage».
Par exemple, elle nous raconte la vie de Nasrîn qui aperçut un instant le regard d’un jeune homme et en tomba immédiatement amoureuse. A partir de ce moment, la machine du mariage se met en marche. La famille de la jeune fille fait une sérieuse enquête sur la famille du jeune homme, incluant une visite impromptue mais dont tout le monde comprendra le sens. Tout le mariage est alors codifié et si on consulte la fille pour avoir son avis, elle doit répondre suivant les règles : « Si elle sourit, ou pleure sans bruit, c’est qu’elle accepte. Si elle sanglote et crie c’est qu’elle n’est pas d’accord ». Mais personne ne discute. Après ce premier pas franchi, les hommes prennent l’affaire en main pour discuter du prix du mariage, payé par le fiancé. C’est alors que l’on organise le shirîni-khôri, le jour des fiançailles ou jour des sucreries. Puis, arrive le jour du mariage, les achats sont nombreux tout comme les tenues, et on célèbre les réjouissances, qui durent plusieurs jours, dans la maison de la fiancée. Nasrîn, la jeune mariée, a alors enfin pu revoir pour la seconde fois l’homme qui est maintenant son mari, après avoir attendu deux longues années, durée des interminables discussions et préparations.
Isabelle pose une question à une femme dans son livre. « Es-tu contente de ta vie ? » à cette dernière de répondre : « Je suis contente de mes enfants.».
Qu’avons-nous en commun avec ces femmes là ? On peut se le demander, nous qui ne voulons désormais que des relations amoureuses et qui cassons nos mariages dès que cela ne se passe pas comme nous le souhaitons. Certaines de ces femmes n’ont jamais appris ni à lire ni à écrire et sont restées toute leur vie esclave de leur mari, de leur famille ou de leur belle famille. Jamais ces femmes n’ont eu un instant pour elles.
Massoud avait bien compris la situation en disant qu’il voulait « libérer les femmes de leurs chaînes, maillon par maillon ». Il est bien entendu impossible de comparer et de penser qu’elles devraient vivre comme nous. Mais par contre, nous ne pouvons pas nous empêcher de souhaiter qu’elles puissent vivre libres de leur choix dans un avenir proche…
Lisez ce livre « Femmes d’Afghanistan » d’Isabelle Delloye, vous comprendrez mieux.
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