Ils nous attendent au pied de leur maison, lui en Dhoti (la jupe longue traditionnelle) elle en Salwar kameez (pantalon étroit et longuet tunique) souriants et accueillants.
Lui c’est Vincent Paul, héritier troisième génération d’une exploitation d’Hévéa au Kerala Inde du Sud, environ 50 ans, élégant et calme.
Elle, c’est sa femme, Anuja 40 ans, brune et discrète. Le couple a 3 enfants, le premier travaille chez Renault à Bangalore, le second fait des études à Bombay et la troisième est encore à l’école du coin.
Eux c’est une famille riche indienne typique mais catholique qui accueille des étrangers comme une maison d’hôte. Nous avons sauté sur l’occasion pour découvrir d’un peu plus près une vie indienne. Certes elle est de haut niveau, et nous ne sommes pas sur le trottoir de Bombay. Mais c’est une facette de l’Inde qui est train de bouger.
L’exploitation couvre 70 hectares sur lesquels poussent d’abord de l’hévéa mais aussi tous les légumes et les épices pouvant exister. La chaleur est tropicale, tout est vert et humide et d’une grande richesse. La famille est probablement autosuffisante au niveau de sa nourriture. Notre maison est une grande maison type coloniale, notre chambre ayant la taille de notre appartement parisien, avec les typiques volets en bois à clair vois et les ventilateurs à palme pour la chaleur. Bref, je verrais arriver Gandhi que je ne serais pas étonnée.
Anuja nous raconte son mariage, en nous décrivant comment il fut « arrangé « bien évidemment par sa famille. Même milieu social, même éducation, même goûts, même région, elle vivait dans une exploitation, elle épouse une exploitation, bref aucun risque ; si ce n’est que l’amour se fasse rare. Anuja ne va pas jusque là et nous ne saurons pas si elle est tombée amoureuse. Mais ce que nous découvrons au fil de la conversation c’est que sa fille n’aura pas de mariage arrangé et vivra très clairement une autre vie. D’abord parce que cette adolescente l’a clairement expliqué. Ensuite comme nous le raconte sa mère, cette dernière répète régulièrement à son mari que fille et garçon c’est pareil et qu’il faut qu’il pense aux trois de la même façon. Cela inclus aussi l’histoire de l’héritage car visiblement et précédemment les filles n’avaient rien et les garçons tout.
Peu à peu Anuja très timide se déride et partage. D’autant que je lui parle de mon combat pour les femmes et alimente la conversation sur ce terrain. Anuja voyage peu, un peu en Asie à Singapour ou vit sa sœur mais pas plus. Elle suit les traditions, participe aux œuvres de charité de la région, rend régulièrement visite à sa nombreuse famille et s’occupe de la maison. Voila ce qui rempli sa vie. Cela ne suffira pas à sa fille qui a déjà déclaré vouloir un vrai métier. Alors les changements ?
Si l’on considère que dans les familles aisées de l’Inde il faudra attendre la prochaine génération pour voir changer les mentalités, on est effondré. Si l’on considère que les mentalités vont changer forcément grâce à ces jeunes adolescents vivant chacun déjà leur vie et n’entendant pas en changer, on est optimiste. C’est trop long, trop lent, certes. Mais il est clair que ce sont les parents qu’il faut d’abord éduquer. C’est ce que fait la chef du gouvernement de Bombay, Shraddha Shridhar Jadhav par l’intermédiaire d’une ONG. Elle s’adresse aux parents afin de les sensibiliser.
Et cela marche grâce à l’éducation.
Les femmes changeront le monde, on vous l’avez bien dit !
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