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  • Photo du rédacteurMuriel de Saint Sauveur

Attention, le monde régresse !

Je pensais avoir compris la Russie, car mes fréquents voyages m’avaient donné l’impression que ce pays abritait des hommes et des femmes égaux en droits et que ces femmes étaient des guerrières. Des femmes fortes qui assumaient plusieurs vies : celle d’une mère de famille, celle d’épouse époustouflante juchée sur ses hauts talons et de dirigeantes aux mains de fer.


J’avais tort, complètement tort. Certes, la Russie est un continent avec 7 fuseaux horaires et rien de comparable entre la Sibérie et Irkoutsk, l’Oural et Ekaterinburg ou les capitales cosmopolites comme Moscou et Saint Petersburg. Mais l’un des points communs découvert durant mon périple russe tient dans le machisme de ce pays, bien plus traditionnel et patriarcal que je ne me l’avais imaginé.

C’est comme si le communisme avait été effacé de la carte et de l’histoire du pays, comme si les femmes pilotes de ligne ou bâtisseuses de chemin de fer avaient disparu, comme si l’histoire reprenait ses droits, comme la neige en hiver. Celle qui recouvre tout de son épais manteau durant près de 8 mois et qui empêche l’herbe de pousser et la vie d’exister.


« Puisque les hommes et les femmes sont différents sexuellement, il est normal n’est-ce pas qu’ils n’aient pas les mêmes droits ! ». Celui qui me dit cela avec une franchise insupportable a 30 ans, 3 enfants et un travail dans les affaires. Il ne comprend pas mon regard effaré et mon inquiétude.


La génération à venir supportera-t-elle le discours de la religion qui renvoie la femme à la maison et l’homme au métier de gagneur du pain de la famille ? Acceptera-t-elle que les droits acquis durant le communisme, toujours d’actualité légalement, soient niés par la population masculine ? Les femmes accepteront-elles de se voir reléguer à la maison ?


Certaines oui, j’en ai rencontrées et je ne souhaite pas les critiquer si leur choix est celui de mère de famille, mais la liberté de choisir, qui est ce que nous revendiquons dans mon pays, est de plus en plus fragile.


On se demande en France si le féminisme est toujours nécessaire, certaines femmes et certains hommes pensent que non. A ceux-là je voudrais leur dire tout ce que je vois et écoute dans les pays où Mazars est présent, tout ce qui semble encore enfermer la femme dans un rôle de mère soumise, je voudrais leur dire : attention, le monde régresse.


En Algérie, où j’étais en mars, une femme habillée d’un classique tailleur occidental se disait inquiète devant les agressions verbales de jeunes garçons lui reprochant simplement de ne pas être voilée. En Inde, où je suis allée en février, les jeunes filles auprès desquelles je faisais un mentoring me parlaient de sécurité et de peur de sortir seule. Alors que je rentre du Mexique, dont le Gouvernement vient d’instituer de nouvelles réglementations sur les droits humains, je me demande si l’on va pouvoir discuter en toute franchise avec les hommes, car hier durant mon intervention à l’Université de la Terre, colloque sur le développement durable, la question d’un homme m’a fait réagir.


« Ne pourrions-nous pas cesser de parler de féminisme et vivre simplement ensemble ? ». « Non, lui ai-je répondu, tant qu’il n’y aura pas de droits des femmes partout dans le monde, il n’y aura pas de droits humains ». Non, nous ne pouvons pas.

Et en même temps, en sortant de l’un de mes débats, mon mari, un féministe averti, me glisse : « En vous entendant, je me sens coupable, mais j’ignore de quoi ».


Il me semble que nous vivons à l’heure actuelle une déconstruction totale des rôles des hommes et des femmes. Certains s’en réjouissent et sont prêts à en discuter, d’autres en ont tellement peur qu’ils se rigidifient. 


Soyons honnêtes, certains ne sont pas responsables de la situation actuelle et c’est avec eux que nous devons ouvrir le débat pour un monde meilleur.

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